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 Sick Boi

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Arsène Jones

Arsène Jones


Âge : 17 ans (14/05)

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MessageSujet: Sick Boi   Sick Boi EmptyJeu 18 Avr - 18:50

Si t'as suivi les médicomaées venus te chercher sans faire d'histoire, il a fallu moins d'une heure passée à Sainte-Mangouste pour que tu comprennes que, finalement, t'as peut-être pas tant envie que ça de les laisser faire ce qu'ils veulent de toi. Parce que t'as pas le droit d'aller dehors. T'as pas le droit de garder tes fringues à toi. T'as pas le droit de dire que t'es pas d'accord. T'as juste le droit de fermer ta gueule et d'avaler les potions qu'ils te refilent après leur diagnostic de merde dont t'as oublié la moitié des termes. Enfin, ils sont persuadés que tu vas vraiment pas bien, et qu'ils doivent te filer tout un tas de trucs pour remédier à ça.

Le problème de leurs potions, c'est qu'elles ont fait renaître des trucs que tu pensais détruits en toi. Des trucs qui ressemblent fort à de la colère. De la rage. De la haine. Comme si elles avaient creusé au plus profond de toi juste pour te forcer à recracher tes émotions - en plus de la drogue que tu t'es un peu trop envoyé dans les veines selon eux. Et ça fait pas bon ménage avec l'enfermement. Ils t'ont vite éloigné des autres patients. Et ils t'ont vite conventionné sur un lit inconfortable avec quelques nouvelles potions pour te sédater.

Mais ça t'empêche pas de te débattre, d'essayer de te détacher des liens magiques qui t'empêchent de te blesser ou de les blesser. De gueuler aussi fort que tu peux toutes les menaces qui te passent par la tête, bien que tu ne parviennes pas à articuler la moitié de ce que tu voudrais. Une chose est sûre : si Butler t'a fait venir ici à cause de ton état catatonique inquiétant, force est de constater que de ce côté-là ça va vachement mieux. Faut dire que t'es vraiment incapable de gérer l'enfermement. T'as besoin d'être dehors. De respirer pour de vrai. Pourquoi on te laisse pas rester dehors ?

T'as bien compris que t'es pas prêt de sortir d'ici. Pas sans Lyovitch en tous cas. Mais le type a pas l'air pressé de se pointer. Et pendant ce temps, tu continues d'essayer de t'en prendre à tous ceux qui ont le malheur de passer trop près de toi, tel un animal sauvage blessé dont la seule défense reste l'attaque. Mais l'attaque en étant contentionné, c'est vachement restreint.
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Lev M. Lyovitch

Lev M. Lyovitch


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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyMer 8 Mai - 20:57

- Monsieur Lyovitch, vous n'avez pas l'air de vous rendre compte. Cet adolescent est violent !

L'accueil de Sainte-Mangouste n'avait pas posé de problèmes : à cause d'un bus de touristes français entier intoxiqué par un gaz de fou rire incontrôlable, la sorcière censée faire le tri ne savait plus où donner de la tête et le brouhaha ambiant était insupportable. Aussi le professeur était-il directement monté au quatrième étage, prétextant n'être là que pour visiter un patient.
Mais au quatrième étage, les choses s'étaient légèrement corsées : la Guérisseuse-en-Chef, le docteur Derwent, était une femme replète à l'allure sympathique garnie de boucles rousses, mais qui avait décidé, poings sur les hanches, qu'Arsène Jones n'était pas prêt à sortir. Lyovitch lui faisait face, et s'il avait eu la politesse de retirer son béret, il n'en restait pas moins que son regard assassina la bouille de la médicomage.

- Cet adolescent est quasiment un adulte, et surtout, violent, il ne l'était pas avant d'être amené ici, martela-t-il, enveloppé dans son grand manteau noir, dépassant le docteur Derwent de deux têtes au moins.
- C'est exact, mais c'est une amélioration !

Dans le couloir de l'étage, subitement, on entendit un cri de rage provenant d'une chambre, puis une tablette porte-documents traversa le couloir pour s'écraser contre le mur, dans une trajectoire trop linéaire pour n'être pas due à un acte magique. L'objet cassé en deux tomba sur le sol avec un son sec et plat, suivi par le regard de Miss Derwent et de Lyovitch.

- Ca m'a pas l'air flagrant, comme amélioration.
- Oui bon...
- Je suis son garant, je demande qu'il sorte d'ici. Je l'emmène.
- Non.
- Miss Derwent.
- Il est frappé de catatonie, nous devons vérifier que cela n'est pas dû au Syndrome du Cervelet Embrumé, ni à un empoisonnement à la trompette des anges, car si c'est le cas, alors de nouveaux épisodes pourraient survenir, c'est une intoxication chronique très difficile à traiter, il y a de grands risques que...

Lyovitch poussa un gros soupir en cessant de l'écouter.

- Ne me forcez pas à -

D'autres cris éclatèrent, plus violents, les interrompirent tous les deux - de la panique, ou bien de la douleur, plusieurs voix mélangées. Cette fois, le ton était plus alarmiste, suffisamment inquiétant pour que la docteur fît volte-face pour courir vers la chambre en question. Lyovitch lui emboîta le pas, tirant sa baguette au clair - espérant malgré tout ne pas avoir à s'en servir sur le gosse.

Ils surgirent dans la chambre et s'immobilisèrent devant un spectacle incongru : c'était bien Arsène qui était dans le lit, entouré de deux médicomages : une jeune femme qui avait visiblement perdu ses moyens devant la mésaventure de son collègue. Le deuxième magicomage, en effet, était courbé sur le lit, couvrant le visage de l'américain sur lequel on devinait une tâche pourpre.

- AAAAH !!!! hurlait l'homme. FAITES-LE LACHER ! FAITES-LE LACHER !

Miss Derwent sortit immédiatement sa baguette magique, mais Lyovitch posa une main gantée sur le poignet de la femme.

- Qu'est-ce que vous faites ? Il va lui arracher l'oreille !

En effet, bien qu'attaché, c'était ainsi que Jones retenait le pauvre médicomage : ses dents s'étaient refermées sur l'oreille du docteur et du sang dégoulinait jusque sur l'oreiller.

- Et vous allez faire quoi, gronda Lyovitch. Vous jetez souvent des sortilèges d'attaque sur des adolescents ? Si vous faites cela, je vous attaque en justice, en tant que garant !
- Pardon ?! Je croyais que c'était quasiment un adulte !
- J'ai d'excellents avocats, et de très bonnes connexions au Ministère. Ne l'attaquez pas, vous dis-je.

Miss Derwent avait arrondi des yeux outrés. Elle ne sut que dire, restant bouche ouverte. Le médicomage penché sur le lit s'était tu, lui aussi éberlué, malgré la douleur. Il gémit. Lyovitch haussa les épaules.

- C'est nous qui devrions attaquer en justice, fit la voix tremblante de colère de Miss Derwent en regardant le médicomage, comme pour le soutenir de loin.
- Pourquoi s'est-il approché autant, aussi ? dit le professeur avec un brin de condescendance, comme s'il avait considéré le médicomage comme le spectateur d'un cirque qui aurait mis la main dans la cage aux fauves. Si je le fais relâcher sans plus de dégâts à votre collègue, vous me laissez l'emmener avec moi.
- Je ne peux pas vous laisser faire s'il est dangereux !
- Il sera calme.

Il y eut un instant de silence, pendant lequel Miss Derwent et Lyovitch se défièrent du regard. Puis la troisième médicomage étouffa un sanglot, tandis que le prisonnier s'était remis à gémir douloureusement.
Le professeur finit par lire l'assentissement dans le regard de la Guérisseuse-en-Chef. Alors, tranquillement, il vint contourner le chevet d'Arsène.

- Jones ? Jones, si les deux médicomages vous détachent et sortent, vous voulez le lâcher sans lui déchirer l'oreille ?

Il avait demandé ça sur un ton fort poli, détaché. Derrière lui, Miss Derwent ouvrit la bouche pour protester, mais elle resta muette, indignée.


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Arsène Jones

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyMer 8 Mai - 22:13

Les minutes s'étaient écoulées. Puis les heures. Et même une nuit complète. T'as bien cru devenir taré, attaché sur ce lit de merde, avec un plafond et des murs blancs pour seules visions. Enfin, y'a bien quelques gens en blouse qui passent aussi, que tu t'empresses d'envoyer chier avec tout le vocabulaire le plus fleuri qui te passe par la tête. Ils sont jamais assez fous pour s'approcher suffisamment de toi pour que tu puisses t'en prendre à eux malgré les contentions. Et c'est dommage, parce que t'as plusieurs envies de meurtre qui te passent par le crâne.

Tes boucles flamboient d'un rouge vif qui avait disparu depuis bien longtemps. T'essaies pas de le maîtriser une seule seconde, tu veux juste sortir de là. Sortir de là et t'envoyer un énorme fix de slick à l'ombre d'un arbre, soumis aux caprices du vent et de la pluie. Mais non, t'es dans une chambre qui ressemble davantage à une cellule, examiné à longueur de journée comme une bête curieuse. Et ça te fout les nerfs tout autant que le manque et la claustrophobie.

Les nausées sont revenues. Et les tremblements. Et ces putains de crampes insoutenables. Ils essaient bien de te refiler des trucs pour calmer tout ça, mais tu leur craches à la gueule en même temps qu'une flopée d'insultes bien senties. Tu vas leur faire la peau à ces enfoirés, tous autant qu'ils sont. T'es prêt à crever de faim et de déshydratation tu t'en tamponnes. Tu feras rien de ce qu'il faut. Rien tant que tu seras pas dehors. T'as besoin d'être dehors.

Alors quand ce type s'est approché pour t'examiner, t'as fait mine d'être calme. Et épuisé, tu l'es. Mais pas assez pour renoncer à ton super plan d'en emporter un maximum avec toi dans ta déchéance. Tes dents se sont refermées sur l'oreille offerte, avec la force du désespoir. T'as sûrement l'air un peu fou, les boucles rouges, les yeux qui le sont tout autant, et les dents qui commencent à se colorer aussi, à cause du sang qui coule. Et les cris de douleur du type te tirent un puissant sentiment d'exaltation, qui te fait simplement serrer un peu plus. Il te faut ta dose. Il te faut sortir d'ici. Mettre fin à ces putains de douleurs.

Le goût du sang dans ta bouche a le mérite de t'enlever l'envie de gerber, aussi surprenant que ce soit. Et alors que tu t'apprêtes à tirer un peu plus fort sur cette oreille, la voix de Lyovitch résonne. Tu le cherches du regard, malgré la position inconfortable de ton attaque. Ta respiration essoufflée râle contre l'oreille du médicomage inconscient. Mais tu te forces à écouter. Il est ton seul espoir de sortir de là. Alors ouais, tu peux bien lâcher le mec pour t'en aller. Tu grognes pour consentir. Pourtant, tu maintiens ta prise plusieurs secondes avant de la desserrer, petit à petit.

Alors le mec se barre en courant et en se tenant l'oreille, suivi par sa collègue qui a sûrement l'intention de lui venir en aide. Et la cheffe de service qui baragouine quelques mots à Lyovitch en mentionnant des papiers de sortie à remplir avant de leur emboîter le pas. Personne ne t'a détaché. Mais y'a Lyovitch.

- P'tain sortez-moi d'là M'sieur ! C'des tarés ici ! Faut que j'sorte !

Tu tires un peu plus sur les liens magiques qui te retiennent sur le matelas pour qu'il daigne t'en libérer lui-même, mais t'ajoutes quelques mots avant même qu'il n'en ait le temps.

- Faut qu'ils m'rendent mes affaires ! Ma veste ! M'faut ma veste !

C'est pas que pour retrouver un semblant de confort, même si ça joue. Tu crois pas un seul instant que ton slick s'y trouve toujours. Par contre, le parchemin obtenu avec l'aide de Baxter, il a plutôt intérêt à être toujours là. T'es prêt à essayer de vivre un peu pour de vrai finalement.
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Lev M. Lyovitch

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptySam 15 Juin - 11:06

Lyovitch prit son temps pour ranger tranquillement sa baguette, dès que Miss Derwent avait suivi ses deux collègues. Dans le couloir, on entendait encore leurs échanges catastrophés, bientôt couvert par le ronronnement caractéristique du ventilynxeur - cette grosse bête velue cachée dans les sous-plafonds qui respirait bruyamment, son ronflement produisant une ventilation aseptisante dont on avait toujours dit qu'elle calmait les angoisses des patients. Ca ne marchait visiblement pas sur Jones, en tous les cas.
Lyovitch eut un soupir pour s'approcher d'un pas lent, mais il y avait sur son visage une drôle de satisfaction sans sourire tandis qu'il revissait sur sa tête le béret qu'il avait gardé dans une main.

- La bête s'est réveillée, on dirait, marmonna-t-il en enfonçant ensuite ses mains dans ses poches.

Les boucles de Jones étaient d'un rouge qui lui rappelait leurs premières rencontres, loin de ce noir terne qui avait habité le crâne de Jones ces dernières semaines.
Lyovitch tira une chaise pour la rapprocher du lit, sous les yeux évidemment offusqués du garçon toujours attaché.

- Je vais retirer ces liens, et on va récupérer tes affaires, le rassura-t-il, mais avant.

Les yeux de glace de Lyovitch se portèrent sur Jones. Le garçon avait maigri, et son teint restait affreusement pâle malgré ses boucles carmines et ses cris de démon. Le professeur se pencha en avant, comme s'il avait pu craindre qu'on ne les entendisse. Lui ne s'inquiétait pas le moins du monde qu'on lui arrachât l'oreille : Jones ne pouvait sortir que grâce à lui et malgré sa rage, il lui faisait confiance pour s'en souvenir.

- Avant, reprit-il dans un chuchotement calme, il va falloir ce que l'on va faire à partir de là, Jones.

On. Certes, ils seraient encore deux à décider pour le garçon. Visiblement, quand l'américain décidait pour lui-même, tout seul, il finissait invariablement le nez plein de drogue, recroquevillé dans des ruelles ou des cachots désaffectés de Poudlard.

- On ne va pas pouvoir t'enfermer à chaque fois, Jones.

Il y eut un silence. Les discussions du couloir s'étaient évanouies, et le quatrième étage était redevenu calme. L'une des fenêtres dispensait sur eux une lumière grise, morose, tachetée de gouttes de pluie. Pourtant, presque autant qu'à Arsène, l'extérieur semblait à Lev plus agréable que cette pièce. Il avait hâte d'en sortir aussi. Mais avoir Jones attaché et attentif était une opportunité qu'on ne pouvait gâcher.

- Je ne vais pas continuer à t'enfermer ou te libérer éternellement non plus, Jones. Il nous faut un plan, et un plan qui marche. Tu veux une vie à te droguer ? Pas de problème. Mais comment est-ce qu'on fait pour concilier ça avec une vie qui ne se termine pas systématiquement dans une cage à rats, Jones ?

Silence. Lyovitch s'humecta les lèvres en inclinant le visage.

- Et pitié, trouve-moi une solution autre que la mort, cette fois.


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Arsène Jones

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyLun 17 Juin - 19:11

Enfoiré de Lyovitch. Dire que tu comptais sur lui pour te sortir de là, il préfère se prendre une chaise pour taper la causette. T'es pas franchement dans cet état d'esprit toi. Tout ce que tu veux, c'est retrouver ta liberté, et te tirer de là. T'envoyer un fix pour éloigner ces foutues crampes qui sont si douloureuses qu'elles ne font qu'augmenter un peu plus la rage qui t'habite. Pourtant, tu le connais suffisamment pour savoir qu'il va pas te lâcher. Alors t'essaies de te concentrer un minimum sur ce qu'il te raconte, mâchoires serrées.

- P'tain d'merde j'en sais quoi moi ! M'faites chier, détachez-moi !

T'as écouté. Mais t'es vraiment pas en état d'y réfléchir. Et surtout, t'as pas envie. Une nouvelle fois, tu tires sur les liens qui te retiennent à ce foutu lit, grognant sous l'effort que ça te demande, tout ça pour rien. Tu te contentes juste de dépenser les dernières forces qu'il te reste dans une tentative vaine d'accélérer les choses. Lyovitch est un sale con, tu devrais le savoir depuis le temps. Ta tête retombe lourdement sur l'oreiller, les boucles toujours aussi rouges que lorsqu'il est entré. T'as les lèvres barbouillées du sang de l'autre débile qui a eu la mauvaise idée de s'approcher de toi.

- J'f'rai c'que vous voulez, ok ? Z'ont des potions pour calmer l'manque, j'peux prendre ça, ok ? Maint'nant faut m'laisser sortir !

Est-ce que tu crois un seul instant que ces potions auront l'effet miracle recherché ? Pas vraiment. De toute manière, t'en as rien à foutre. T'as pas vraiment l'intention d'arrêter le slick, tu veux juste que Lyovitch te fasse sortir de là. Et t'es prêt à lui baratiner tout ce qu'il veut entendre pour ça. Pour quelqu'un qui mentait jamais avant de le rencontrer, on peut sûrement dire que t'as bien évolué de ce côté-là.

Une nouvelle crampe s'empare alors de toi. Tes liens ne te permettent même pas de te recroqueviller comme tu le voudrais pour tenter d'échapper à cette douleur lancinante. Tu fermes les yeux, crispé, les lèvres retroussées sur des dents elles aussi rougies de sang tandis que ta respiration se saccade plus encore sous un râle de douleur impossible à retenir.

- BORDEL ! J'en prendrai une direct ! C'bon là ! M'sieur p'tain !

T'as bien envie de lui faire bouffer son putain de béret.
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Lev M. Lyovitch

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptySam 27 Juil - 14:55

Lyovitch était toujours penché sur le lit. Ni les cris, ni l'odeur du sang qui barbouillait le visage de Jones n'avaient l'air de l'incommoder. Un drôle de silence paraissait les envelopper, comme si dans les chambres voisines, on tendait l'oreille en retenant son souffle. Mais lorsque le professeur parlait, c'était plutôt à voix basse, d'une manière qui tranchait avec l'excitation du patient.
Lev opina du chef avec une moue d'acquiescement.

- Des potions pour le manque. Pourquoi pas. C'est un bon début, admit-il, encourageant.

Leurs regards se rencontrèrent. Il lut le petit espoir d'être libéré dans les prunelles de Jones.

- Mais ça ne suffira pas..

La déception de Jones et sa douleur déconnecta leurs regards. Lyovitch en profita pour détourner le visage. Il toussa un bref instant dans son coude et revint à l'élève, sourcils froncés.

- Donc, j'ai un autre plan, croassa-t-il, chassant sa propre douleur qui s'était soudain éveillée, sans explication, au creux de sa poitrine.

Mais il n'en montra rien, se réintéressant à l'américain qui se remettait à brailler. Les cris de l'adolescent se répercutaient dans la chambre morne et blanche. Un globe clair illuminait la pièce et faisait paraître leurs visages plus maladifs qu'ils ne l'étaient vraiment. Dans cet environnement l'accoutrement sombre de Lyovitch faisait une tâche d'obscurité, un trou noir vers laquelle toute chauve-souris ou animal nocturne aurait pu vouloir se réfugier ; quant à la chevelure d'Arsène, elle semblait se consumer indéfiniment. C'était en somme un étrange système solaire, duquel aucun n'aurait voulu s'approcher.
Lorsqu'il reprit la parole, une fois qu'Arsène fut essouflé, Lev s'efforça de converser à voix basse. Autant pour ramener Jones au calme que pour que leur échange pussent se faire dans la confidence.

- Tu ne peux pas t'en passer n'est-ce pas ?

L'américain évitait son regard. Lyovitch ne le quittait plus des yeux. Il s'était approché davantage, comme pour le confronter. Il ne ferait qu'énerver la bête davantage, il le savait. Mais cette dernière devait savoir qui maîtrisait le jeu. Acculée et épuisé, elle n'aurait d'autre choix que de capituler.
Lyovitch attendit longuement une réponse. L'épuisement du garçon en serait une comme une autre. Et quand il reprit, c'était seulement un chuchotement :

- Hé bien dans ce cas-là, je ne vois qu'une solution : si tu ne peux pas maîtriser les doses que tu prends, je vais m'en charger.

Lyovitch eut un sourire sans joie.

- A partir de maintenant, c'est moi qui te fournirai.


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Arsène Jones

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyMar 30 Juil - 17:40

Lyovitch te saoule sérieusement. T'es pas en état de discuter tranquillement avec lui. Pas avec ton corps qui te hurle de prendre une putain de dose immédiatement. Y'a que ça qui compte, échapper à cette douleur infernale, à cet état dans lequel t'es incapable de penser à autre chose qu'à t'envoyer un bon fix de slick dans les veines. C'est pas la première fois qu'il profite que tu sois attaché ou au bout de ta vie pour converser. Et ça t'énerve prodigieusement. T'as bien envie de lui foutre un énorme coup de boule. Mais t'as suffisamment essayé sur les médicomaées pour savoir qu'il n'est toujours pas assez proche pour ça. Alors tu te contentes de serrer les mâchoires, et d'attendre qu'il termine son petit jeu en gardant les yeux obstinément rivés sur le plafond d'un blanc immaculé.


Jusqu'à ce qu'il te balance sa solution miracle. Là, tu peux pas t'empêcher de tourner le regard vers lui, clairement surpris. Jamais tu n'aurais cru entendre cette phrase un jour. Et t'as pas vraiment l'intention d'aller lui quémander le moindre gramme de slick dès que t'en as besoin. Le type ne te donnerait jamais assez, tu le sais. Pourtant, au bout de longues secondes, tu finis par acquiescer, épuisé.

- Ok. Ok, on fait comme ça. Maint'nant détachez-moi.

C'est tout ce que tu veux pour l'instant. Retrouver ta liberté. Sortir de ce putain d'hôpital, sentir le vent sur ton visage. Il sera toujours temps de faire comprendre à Lyovitch que t'as pas l'intention de tenir ta parole plus tard. Là, t'es pas tellement en état de négocier, t'es bien trop crevé pour ça. Y'a le silence qui s'installe, tandis que vous ne vous quittez pas du regard. Et enfin, après un temps qui te paraît une éternité, il fait disparaître les liens magiques qui te maintiennent au lit.

Aussitôt, tu te redresses. Bien trop vite pour ton corps épuisé. Ta vision se trouble, se noircit. Tu dois attendre encore avant de te mettre debout. C'est comme si tes jambes n'arrivaient plus à porter ton poids. Pourtant, t'arrives à faire quelques pas chancelants, à atteindre la petite salle de bain attenante à la chambre pour aller pisser. T'as bien cru que ta vessie allait exploser. Puis, tu te passes de l'eau glacée sur le visage, espérant ainsi retrouver des idées un peu plus claires. Mais t'en es bien incapable. Quand tu reparais dans l'encadrement de la porte, tu dois t'y tenir pour rester debout.

- M'faut une d'ces putains d'potion, j'ai grave la gerbe.

Et tu trembles. T'es pâle comme pas permis, tandis qu'une sueur froide te colle à la peau dans ta blouse d'hôpital. Tu veux tes fringues. Tu veux que cette sensation de manque se termine. Tu veux sortir de là. Pourtant, t'attends pas vraiment de réponse pour te diriger vers la porte de la chambre, avec l'impression que tes jambes vont se dérober sous ton poids à chaque pas. T'as à peine le temps d'activer la poignée que tu t'effondres au sol sous une nouvelle crampe, plus violente encore que les précédentes.

La respiration saccadée, t'essaies tant bien que mal de t'asseoir contre le mur, avant de jeter un oeil à Lyovitch pour lui adresser un sourire pâle, moins rouge que le précédent maintenant que le sang a été rincé.

- Sauf si vous voulez déjà m'filer une dose.

L'idée même n'a aucun sens. Tu appuies l'arrière de ton crâne contre le mur, incapable de te remettre debout pour le moment.
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Lev M. Lyovitch

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyVen 2 Aoû - 11:36

Lyovitch était resté de marbre, debout dans la chambre, les mains croisées, insensibles aux bruitages peu engageants qui provenaient de la salle de bain. Il avait l'air plongé dans ses propres pensées - se mordilla la lèvre inférieure à cause de l'envie de fumer qui le prenait soudain.
Lorsqu'Arsène sortit, c'était avec la pâleur d'un fantôme. Le russe le suivit de son regard froid, sans expression. Il le regarda s'effondrer sans esquisser le moindre geste. Néanmoins, il haussa les sourcils lors de la proposition de l'américain.

- Sûrement pas ici, gronda-t-il à voix basse.

Néanmoins, l'une de ses mains plongea dans sa veste, pour fouiller l'une de ses poches. Il en extrait son petit cendrier de poche ; le manipula du bout des doigts. Celui-ci s'ouvrit, non sur un mégot ni sur une clé, mais sur un nouveau petit compartiment. Le professeur s'avança lentement vers Arsène, pour s'accroupir devant lui. En l'observant de plus près, il sembla voir seulement à cet instant la sueur qui perlait au front du gamin. Le visage de l'américain s'était quelque peu apaisé, mais il avait l'air plus maladif encore. Lev pinça les lèvres et opina négativement du chef comme pour lui-même.

- Je n'ai pas été assez dur avec toi, dit-il comme une évidence. Tu n'es même pas capable de te sortir d'une situation telle que celle-ci tout seul. Il faut tout t'amener sur un plateau.

Il disait ça sans animosité, mais il avait concentré son regard sur celui d'Arsène comme pour y lire sa réaction - s'il y en avait une. Arsène n'avait l'air, ces derniers mois, de ne plus rien à voir à faire de rien. Lyovitch haussait les épaules.

- J'ai déjà expliqué avoir besoin d'un homme, pas d'une larve.

Du bout du pouce et de l'index, Lyovitch saisit une petite pastille dans le creux du cendrier. Une pastille d'un genre qu'Arsène avait déjà vu, de longs mois plutôt, quand ils avaient attaqué le quartier général des Indiens et qu'Arsène avait pris l'apparence d'un Lyovitch. Il était loin, ce temps où Jones avait pour lui ce potentiel, songea-t-il en pinçant les lèvres.

- Prends-le. Avale-le. Cela te donnera l'énergie d'avoir l'air tout à fait en l'état de sortir de cet endroit. De me suivre et de marcher normalement, je l'espère, le temps que nous puissions aller prendre un portoloin. De traverser ensuite le parc de Poudlard comme si tu étais remis, histoire de rassurer tout le monde. Et ensuite.

Le silence se suspendit entre eux, un moment.

- Ensuite, tu auras une dose.

Lyovitch laissa tomber le cachet dans le creux de la main d'Arsène, puis il se redressa, arrangea sa veste, laissant le gamin par terre. Il le toisa d'en haut, sans expression particulière. Ou peut-être avec le visage de celui qui regarde un ancien athlète qui se serait laissé aller, incapable désormais de remporter la moindre coupe.

- Il y a des choses que je ne peux pas faire à ta place, Jones, soupira-t-il. De mon côté, j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour que tu sois quelqu'un. Mais tenir sur tes jambes et la tête haute plutôt qu'à ramper comme un perdant ou comme un demeuré, il n'y a que toi qui puisse le faire.

Sur ce, il actionna la poignée de la porte pour sortir, le visage dur.


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Arsène Jones

Arsène Jones


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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyVen 2 Aoû - 13:06

Tu crispes les mâchoires tandis que tu soutiens le regard de Lyovitch devant toi. Y'a comme une étincelle de défi qui brille au fond de tes pupilles fatiguées. L'entendre te dire ça te fout les nerfs. Tu lui as jamais caché que t'étais une cause perdue. C'est lui qui a pas voulu en démordre. Qui a pas voulu te lâcher le cul. Et maintenant que tu t'y es habitué, t'as pas envie de perdre tout ça. C'est entièrement de sa faute. T'attendais rien de personne avant lui. Rien du tout. Tu lui prouverais bien que t'es pas une larve en lui foutant ton poing dans sa sale gueule immédiatement. Sauf que t'as pas la force pour ça. Sûrement qu'il a raison, que tu tiens davantage de la larve que de l'homme. Mais quand c'est lui qui le dit, t'as pas envie de l'accepter.

Alors ton regard se fait un peu plus noir encore. Tu dis rien. T'encaisses. T'attends qu'il ait terminé. Qu'il te file enfin ce dont t'as besoin pour tenir sur tes putains de jambes. Il est hors de question que tu rampes. T'as rien à voir avec Huston. T'es mieux que lui. Tu vaux mieux que lui. Alors tes doigts se referment sur le booster. Et tu te fais pas prier pour l'avaler. Tant pis pour la façon dont ça finira forcément. Pour la douleur insoutenable que ça engendre. Tu vas lui faire fermer sa gueule à Lyovitch.

T'as à peine le temps de te remettre debout - bien difficilement, le booster ne faisant pas effet immédiatement - qu'une infirmière vient te rendre tes affaires, t'expliquant que ta baguette sera à récupérer à l'entrée. T'essaies de faire comme si tout allait bien. Sûrement qu'elle y croit pas. Tu t'en fous, tout ce que tu vois, c'est que tu peux enfin te débarrasser de cette blouse de merde pour te rhabiller. N'empêche que ça te prend un temps fou. Ta main se referme directement dans la poche de ta veste une fois celle-ci enfilée. Le papier s'y trouve toujours.

Alors tu te lances dans la traversée de l'hôpital. Chaque pas semble plus facile que le précédent. Le booster commence à faire effet. T'as envie de faire comme si tout allait bien, alors tu parais bien. L'apparence la plus normale qui soit. Même en arrivant à l'accueil pour récupérer ta baguette. Plus rien à voir avec la tronche de zombie que tu te coltinais jusqu'ici. Sûrement que tu fais aussi en sorte de remplir un peu plus tes fringues, cacher cette maigreur maladive.

Lyovitch est là. Tu sais pas trop ce qu'il a foutu. Et tu t'en fous. Tu te contentes de passer devant lui sans un mot histoire de te barrer de là. A peine la porte passée, un vent frais te frappe le visage. La pluie fine te fait du bien. Tu lèves le visage vers le ciel, et, en quelques secondes, un sourire prend place sur tes lèvres avant qu'un cri ne résonne, du plus profond de ton corps.

- WOUUUUUUUUUUUH ! ARSENE FUCKING JONES MOTHER FUCKERS !

Tu te sens terriblement en forme. Et tu te marres comme un con sous les regards surpris des passants.

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Lev M. Lyovitch

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyJeu 8 Aoû - 8:51

- Alors vous signerez ici.

Au comptoir d'accueil de l'hôpital, la voix de la médicomage descendue avec Lyovitch était sèche comme un désert africain. Elle avait poussé vers lui le morceau de parchemin qui indiquait que monsieur Arsène Jones avait été libéré et récupéré par son garant monsieur Lev Maksim Lyovitch qui avait assuré être en mesure de garder une vigilance sur l'adolescent en cas de dégradation de son état. La médicomage avait insisté sur ces petits détails de forme pour se couvrir de toute responsabilité juridique en cas de mort de l'américain.  Mais Lyovitch savait bien qu'aucune famille ne viendrait réclamer des comptes à l'hôpital si jamais le destin des prochains jours se révélait funeste pour le garçon. Il signa avec flegme tandis que derrière lui passait justement le concerné, sous les regards ébahis du personnel de l'établissement.

- Vous voyez ? Inutile de s'inquiéter, monsieur Jones va très bien, commenta-t-il sur un ton las, avant de revisser son béret sur son crâne, pour prendre lui aussi la direction de la sortie. Je vous souhaite une agréable fin de journée, Docteur Derwent.





A peine fut-il sorti de l'hôpital que Lyovitch se planta aux côtés de Jones, sur le trottoir, pour s'allumer une cigarette. Des passants leur jetèrent de drôles de regards, mais l'entrée de Sainte-Mangouste était telle une fourmilière ; les sorciers allaient et venaient, les conversations allaient bon train et le cri d'Arsène ne les perturba que quelques instants - après tout, les visiteurs de Sainte-Mangouste savaient que quelques-uns des patients de l'établissement (notamment ceux du quatrième étage) n'avaient pas tous leurs ingrédients dans la potion. Le russe, lui, jeta un regard circonspect au garçon, de haut en bas, puis de bas en haut.

- Arsène fucking Jones qui se promène en guenilles, commenta-t-il, sombre.

Il fuma en bouffées longues et rapides, libérant des panaches de fumée qui écartèrent les badauds trop proches d'eux.
A côté de lui, le gamin ne tiendrait pas longtemps en place, Lyovitch le savait. Alors il ajouta, avec un regard en coin.

- On va faire quelques emplettes, il te faut un pantalon et une veste corrects.

Lyovitch détourna le regard.

- Non, ne discute pas, tu mettras ton autre veste pour dormir ou promener la nuit si tu veux, mais la journée, c'est fini de ressembler à un mendiant. Les balais sont là.

D'un index, il désigna un portique où des balais étaient alignés, ensorcelés pour ne pas pouvoir être volés, bien entendus. Des moldus stupides, touristes modernes, les prenaient en photo. En s'approchant, Lyovitch les fit s'écarter d'un geste de la main comme il aurait chassé des mouches sur son destrier.





Heureusement, Jones n'avait pas rechigné à s'envoler en balai. Il fallait dire que le booster poussait à la quête de sensations fortes et tandis que Lyovitch prenait la direction du sud de Londres, l'américain montait en piqué derrière lui pour redescendre aussi brutalement quelques mètres devant - à moitié pour l'emmerder, Lyovitch le savait bien. Néanmoins, ce dernier volait comme il donnait cours : avec un masque de marbre, morne et déterminé, fixé sur ses objectifs. Arsène se serait écrasé contre un gratte-ciel qu'il aurait à peine détourné les yeux.
Toujours était-il qu'ils parvinrent tant bien que mal dans l'Allée des Embrumes, où ils atterrirent à quelques pas d'une petite échoppe vaudou. Une vague idée d'ensorcèlement de Jones à distance traversa l'esprit de Lyovitch tandis qu'il rangeait son balai en l'accrochant à son épaule par la sangle, puis il se souvint qu'il n'avait aucune confiance en la magie vaudou, et encore moins dans le fait qu'il devrait faire confiance à une femme pour obtenir les effets désirés.

- Par ici.

Il avait déjà rallumé une cigarette. Ils cheminèrent quelques instants sous un ciel relativement clément. L'Allée des Embrumes se portaient plutôt bien - c'était l'un des rares endroits de Londres où les moldus n'accédaient vraiment pas, et pour une raison très simple : les autorités ne voulaient pas prendre le risque que ces derniers se retrouvent trop facilement ensorcelés par des commerçants sorciers sans trop de scrupules. Le Chemin de Traverse était officiellement lui aussi déconseillé aux moldus, mais on ne les empêchait pas de s'y rendre ; si bien que l'endroit était devenu aux yeux du Russe un lieu d'attraction grossière.

Ils s'arrêtèrent dans l'établissement d'un maître tailleur qui semblait avoir trois fois l'âge de Lyovitch, au moins. Le vieillard juché sur un tabouret au-delà d'un comptoir les regarda entrer dans sa boutique sombre par-delà ses lunettes en forme de demi-cercles. Il eut une salutation polie pour le russe, d'un bref mouvement de tête, puis il dévisagea l'américain en écarquilla vaguement les yeux.

- C'est pour lui, expliqua Lyovitch en arrivant à la hauteur du commerçant, qui posa sa plume avec lenteur.
- Il y a du travail, constata le vieillard comme s'il voulait donner un avertissement, mais Lyovitch ne parut pas inquiet.
- Seulement un pantalon et une veste de costume. En accord avec l'uniforme de Poudlard.
- Quelle maison ?
- Gryffondor.
- Ah, fit-il, comme s'il était un peu déçu. Liseré rouge et fils d'or sur la veste, alors, je suppose. Des chemises ?
- Il a ce qu'il faut.
- Mmh, acquiesça le tailleur, mais il sembla douter.

Le vieillard ne descendit pas de son tabouret. Simplement, il rajusta ses lunettes, comme pour mieux y voir, puis il claqua des doigts.

Une nuée de petites lueurs jaunes apparurent de derrière le comptoir, brillantes comme des lukioles : c'était en réalité des farfadets minuscules. Certains portaient effectivement des lanternes, d'autres des petits ustensiles. Un groupe d'entre eux apparut soudain, soutenant un long ruban, et tout ce petit monde enveloppé Arsène Jones comme une nuée d'abeilles, pour commencer à le mesurer. Tout en gardant un oeil sur l'opération, le vieillard avait repris sa plume. Il se mit à gratter un nouveau rouleau de parchemin étroit.

- Couvre-chef ?
- Non.
- Gants ?
- Il a ce qu'il faut.
- Echarpe ?
- Il a celle de sa maison.
- Sortilèges d'autorepassage après froissement ?
- Ah oui, oui, s'il vous plaît.


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Arsène Jones

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyJeu 8 Aoû - 15:18

Lyovitch a un don pour t'emmerder, même quand tout pourrait aller bien. Qu'est-ce que ça peut lui foutre, les fringues que tu portes ? Tu lèves les yeux au ciel, en marmonnant un truc qui ressemble fort à "vaut mieux un mendiant qu'un vieux con", sans pour autant insister davantage. Tu sais très bien que t'as aucune chance d'avoir gain de cause sur ce genre de sujet. Alors tu préfères prendre ce qu'il y a à prendre : une balade en balai des plus agréables, d'autant plus avec tout ce regain d'énergie qui parcourt tes veines.

Tu te sens vraiment bien lorsque tu atterris. Comme si la vie qui t'avait quittée était subitement revenue, gonflant ton coeur d'une joie totalement factice mais plus que bienvenue. Bordel, les boosters c'est vraiment trop bien. T'as un mal fou à rester en place lorsque les farfadets prennent toutes tes mesures. Tu peux pas t'empêcher d'en dégager quelques uns d'un revers de main réflexe, avant de te résigner sous le regard désapprobateur du propriétaire des lieux. Typiquement le genre de vieux con auquel tu veux pas ressembler.

Par chance, il ne met pas bien longtemps à ajuster magiquement le pantalon et la veste demandée, que tu n'as pas d'autre choix que d'enfiler immédiatement. Ce serait con que Lyovitch tape une crise d'apoplexie si près du but. A peine sorti de la boutique, tu te roules une clope que t'allumes aussitôt, avant de lui jeter un coup d'oeil.

- Z'en avez d'autres, des boosters ? J'peux aller combattre si z'en avez d'autres. J'pète la forme. Faut juste r'tarder la descente, pas vrai ? Par contre j'peux pas m'battre avec un froc pareil, ça craint de ouf.

T'as pas fait un combat depuis longtemps. T'étais clairement plus en état. Ni physiquement, ni mentalement. Là, c'est comme si tout revenait, d'un coup. Tu sais très bien que ça va pas durer. Que c'est juste l'effet du booster. Mais tu ressens même pas le besoin de t'envoyer un fix pour l'instant, c'est comme si tout le reste était en suspend. Et puis, t'as bien envie de lui montrer ce que tu sais faire, à Lyovitch. Que t'es un homme pour de bon.

- L'avez eu où d'ailleurs ? J'ai jamais pu en r'trouver. D'puis quand vous traînez les dealers ?

Y'a comme un sourire de couillon sur ta gueule quand tu lui demandes ça. Le mec te fait leçon sur leçon, et il se balade avec autant de drogue que toi sur lui. C'est carrément Sainte-Mangouste qui se fout de la charité.

- J'peux arrêter l'slick avec ça. Comme ça j'peux même gérer ma méta. C'trop cool, nan ?

Sûrement que tu te la pètes un peu, en faisant changer la texture de ta peau qui se couvre d'écailles sur tes mains et ton visage, avant de passer au rouge vif, te donnant l'air d'un dragon pourpre étincelant, jusqu'à l'air reptilien dans les pupilles. N'empêche, t'es comme un gosse quand ça marche aussi bien. Juste en le voulant. T'as visiblement oublié ce qui t'attend, dès lors que la pilule ne fera plus effet. L'air morne de Lyovitch a pas l'air de te défriser plus que ça non plus. Toi, t'es sûr que tu peux lui prouver ce que tu vaux.
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Lev M. Lyovitch

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyVen 9 Aoû - 15:34

- Combattre ? Pour rentrer à Poudlard le nez cassé histoire d'avoir l'air clean ?

Lyovitch s'était interrompu dans son geste au moment où il allait coincer sa cigarette entre ses lèvres. A la place la cigarette était restée suspendue entre ses doigts et le russe s'était penché légèrement en signe d'indignation.

- Il va falloir faire ses preuves à la maison avant de vouloir aller jouer à l'extérieur, petit génie.

Cette fois, il coinça la cigarette et l'alluma.

- Et puis casser des gueules à des moldus sous l'effet d'un booster, tu parles d'un exploit.

Lyovitch n'était pas sans connaître la petite passion qui avait animé l'américain pendant ces derniers mois. Les combats à mains nues le défoulaient certes, mais la sauvagerie de cette activité était bien loin de ce qu'il aurait voulu faire de la rage de l'adolescent. Il haussa les épaules.

- C'est dommage, que tu n'aies pas été en état pour le Tournoi. C'aurait été l'occasion.

Il aspira une bouffée, puis une drôle de mimique, brièvement.

- Quoique si c'était pour faire une erreur de sortilège comme l'autre gobelin...

Il ne manquait plus que Jones fît un avada kedavra en plein Tournoi du château pour parfaire la réputation de la famille Lyovitch. Il soupira comme pour lui-même, avant d'enfoncer les mains dans les poches de son manteau noir, et de regarder Arsène de nouveau.
Le garçon avait effectivement retrouvé des couleurs, mais ses yeux étaient si dilatés qu'il avait l'air fou - impression qui n'était pas atténué par les écailles qui apparaissaient ici et là.

- Je ne traîne pas avec les dealers, corrigea-t-il, blasé. Mais quelques dealers peuvent travailler pour moi si j'en ai besoin. Et ça, c'est seulement possible parce que je peux mettre un booster dans ma poche sans avoir besoin de l'avaler immédiatement.

Au fond, Lyovitch savait bien que ses leçons rentraient par une oreille de l'américain pour ressortir par l'autre. Fut un temps, il avait cru pouvoir l'éduquer, le former à son image, mais plus le temps passait, plus il se rendait compte qu'il se fourvoyait : on ne transformait pas un chien de chasse en loup sibérien. Pour l'avenir de son entreprise, il repasserait. Ce n'était cela dit plus la priorité. Néanmoins, il ne pouvait pas se corriger. Il continuait la leçon. Ne serait-ce peut-être que pour avoir bonne conscience.

- C'est ça la différence entre un fort et un faible, tu vois : il y en a un des deux qui peut se contrôler. Celui qui ne se contrôle pas est contrôlé par les autres, et on lui prend tout, à commencer par son argent.

Soudain il arracha sa cigarette d'entre ses lèvres, comme un sursaut.

- Ah oui, tiens, Jones. Je te paye pour quoi, au fait ?

L'autre n'avait pas l'air de pouvoir tenir en place. Les écailles avaient laissé place à une peau d'orque et Lyovitch leva les yeux au ciel.

- Si tu arrives à tenir cette conversation trois minutes, nous irons peut-être participer à un combat ou deux. Magique, je n'ai pas envie que tu sois accusé de triche.


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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyVen 9 Aoû - 20:08

Lyovitch est jamais satisfait. Peu importe ce que toi tu veux, c'est jamais ce que lui recherche. Dans n'importe quelle autre situation, tu l'aurais engueulé. Parce que faut bien dire ce qui est, le mec est particulièrement chiant. N'empêche qu'il vient de te filer un booster, et que tu te sens mieux en ce moment que n'importe quand au cours des dernières semaines. Alors tu le laisses dans son humeur de merde, bien plus intéressé par ce que t'es capable de faire avec ta méta que par ce qu'il peut te raconter. Même s'il faut quand même remettre les choses en contexte.

- J'ai jamais eu b'soin d'un booster pour m'battre contre eux. Pis ça reste carrément plus équilibré qu'me battre contre un p'tain d'centaure.

T'aurais pu ajouter "connard" à la fin de ta phrase. Mais au final, ça importe peu. Il retient jamais ce que tu fais de bien, se contente de bien te faire comprendre que c'est pas assez. C'est pas comme si t'avais menti, tu lui as toujours dit qu'il perdait son temps. Alors s'il commence tout juste à s'en rendre compte, c'est son problème, pas le tien. Même si ça t'emmerde quand même un peu. De pas pouvoir être à la hauteur pour le seul type qui a bien voulu croire en toi à un moment donné. Faut croire que c'est terminé. Moins de pression.

T'essaies bien de fermer ta gueule. De le laisser parler tout seul, puisque de toute façon il n'écoute que lui. N'empêche qu'il arrive à te foutre les nerfs même quand t'as décidé que tout allait bien. A clairement te faire comprendre que t'es un faible. Et même si t'essaies très fort de l'ignorer, la possibilité d'aller combattre juste en faisant un léger effort pour discuter avec lui te pousse à cesser deux secondes tes changements de peau pour le regarder droit dans les yeux, tout en tirant sur ta clope.

- Vous m'payez pourquoi ?

Y'a comme un rire qui s'échappe. Un rire sans joie. Il se fout vraiment de ta gueule en fait.

- Mmmh... Chais pas. P'têt parc'que j'vous ai aidé à vous venger d'ces p'tains d'indiens. Ou p'têt parc'que z'avez récupéré votre marché d'cactus grâce à moi. Ou au pif... Parc'que j'ai buté un mec pour vous ? Ou parc'que c'moi qui ai géré ces p'tains d'sombrals qui s'échappaient. C'vous qu'avez dit qu'j'le méritais. J'vous ai rien d'mandé. M'faites chier.

Voilà, au moins les choses sont dites. Et t'es carrément plus énervé que ce que tu croyais. Tu récupères ton balai pour l'enfourcher aussi sec.

- J'vais m'battre. J'ai jamais eu b'soin d'vous pour ça. Allez vous faire foutre.

Et tu dresses bien haut ton majeur avant de frapper violemment le sol d'un coup de talon pour t'élever dans les airs.
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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyLun 19 Aoû - 8:59

Lyovitch sortit sa baguette, l'agita d'un bref mouvement. Il ne prit pas la peine d'extraire sa cigarette qui remua légèrement entre ses lèvres tandis qu'il marmonnait d'une voix pourtant inaudible. Un serpent noir, comme un fantôme spectral et sombre, jaillit subitement devant lui et s'élança. A peine Jones avait-il décollé que le serpent s'enroulait autour de la queue du balai. Sur un dernier geste sec de Lyovitch, le serpent abattit brutalement le balai au sol avec une constriction semblable à un anaconda désireuse d'étouffer sa proie. Par chance le balai ne se cassa pas car le serpent vaporeux se dissolvait déjà dans les airs malgré une gueule qui s'ouvrait, béante, sur le manche à engloutir. Arsène, lui, avait chuté contre le bitume. Des passants s'étaient arrêtés avec quelques cris de surprise, prêts à se ruer sur le pauvre accidenté, mais la grande silhouette en manteau et béret noirs était suffisamment intimidante pour être dissuasive, tout comme le serpent dont les dents claquèrent en se refermant sur le manche du balai, y laissant deux marques noires fumantes. Lyovitch s'avança, mais n'aida pas Arsène à se relever : avec ce booster, il aurait bondi sur ses pieds bien assez tôt.

- Je n'avais pas fini, se contenta-t-il d'énoncer platement, le regard blasé.

Un dernier mouvement de baguette et le serpent disparut tout à fait. Lyovitch ignora la floppée d'insultes qui s'échappait de la bouche du garçon.

- Le principe d'un salaire, énonça-t-il d'une voix forte, qui ressemblait peu ou prou à celle qu'il prenait lorsqu'il devait rappeler des connaissances élémentaires à des classes pourtant avancées de Poudlard, et qu'il faisait savoir son mécontentement, c'est que le versement financier est une contre-partie à une activité régulière, et pas une fois de temps en temps quand cela chante au salarié, et encore moins versée à vie sans plus aucune activité.

Il s'accroupit, sa baguette toujours entre ses doigts, pour pouvoir continuer à parler à voix un peu plus basse.

- Autrement dit, Jones, je continue à te payer si tu continues à travailler pour moi. Or, ces derniers temps, mon investissement ne me rapporte rien. J'ai été clément quelques semaines, le temps que tu te remettes de ta quête - et rappelons que c'est toi qui l'a voulue, celle-ci. Je t'ai même offert de quoi t'aider à te remettre.

Son regard était dur, froid, et ne déviait pas un seul instant du visage de l'américain furieux, à la chevelure changeante. Lyovitch eut une moue fataliste.

- Maintenant, si tu n'as pas les tripes pour le job... Si tu ne peux te battre que contre des gens sans pouvoir... Alors il n'y a plus de salaire qui tienne.

Quelques passants s'étaient hâtés de disparaître, cette fois. On avait senti l'ambiance du règlement de compte. Une femme avait pris sa petite fille par la main pour la presser d'avancer, afin de s'éloigner de ces deux individus dangereux. Probablement que depuis les fenêtres de Sainte-Mangouste, du personnel les observait. Mais Lyovitch n'en avait cure : les Anglais étaient bien trop procéduriers, et ils se faisaient toujours avoir à leur propre jeu : il suffisait d'être plus procédurier qu'eux.
Quand même, il ne faudrait pas trop traîner.


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Arsène Jones

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyLun 19 Aoû - 12:28

La surprise du serpent qui te renvoie au sol te fait pousser un léger cri. La chute est brutale. Par chance, le booster te permet sans peine d'épaissir ta peau, à un tel point que tu n'as pas la moindre égratignure malgré ta rencontre violente avec le sol. Tes os semblent souffrir légèrement du choc, mais sans plus. C'est bien le regard de Lyovitch qui te maintient cloué au sol, et pas la douleur. T'avais pris l'habitude qu'il te dise plus rien. Qu'il te laisse faire ce que tu veux quand tu le veux. Et voilà qu'il était de nouveau sur ton dos sans te laisser le moindre répit. Pour te marteler encore et encore que t'es juste un bon à rien. Tu bous de l'intérieur, tandis que tes cheveux rougeoient tant et si bien qu'ils commencent à réellement ressembler à un feu.

Tu te redresses alors subitement, repoussant Lyovitch qui s'était accroupi en face de toi avec une force rude, sans te soucier le moins du monde de sa fichue baguette. Une fois sur tes pieds, tu le regardes de haut, les mâchoires et les poings serrés.

- M'avez rien d'mandé d'faire non plus.

Pour être honnête, t'étais sûrement pas en état de faire quoi que ce soit après Davis. Mais là n'est pas la question. Le gars ose te reprocher de rien faire pour son putain de business alors que t'as pas la moindre idée de ce qu'il s'y passe. C'est carrément dégueulasse.

- Mais gardez-le votre salaire. T'façon j'suis bon à rien, pas vrai ?

Tu peux faire tout ce que tu veux, pour Lyovitch ce sera jamais assez. Tu t'en rends bien compte. T'as tué un type pour lui. Et c'est comme si ça valait rien. Tu serres un peu plus les dents en le regardant.

- 'Reus'ment que j'fais partie d'la famille, hein ? L'est belle la famille.

Tu laisses un bref rire s'échapper de tes lèvres, au sarcasme évident.

- Fallait m'laisser crever. Z'auriez économisé d'la tune. V'nez pas m'dire que j'vous avais pas prév'nu.

Tu sais plus tellement si tu lui en veux à lui, ou si tu t'en veux à toi. Tu voudrais vraiment lui montrer autre chose. Ce que tu vaux, ce que t'es capable de faire. Mais t'y arrives pas. Y'a toujours quelque chose pour te bloquer. Et lui en veut toujours trop. C'est comme si tu pouvais pas faire autre chose que le décevoir. Alors pourquoi t'emmerder à essayer de faire quoi que ce soit ? C'est bien plus simple d'abandonner. D'être ce qu'on attend de toi : un bon à rien.

- Super discussion. J'peux m'casser maint'nant ?

Juste histoire de savoir s'il va te foutre la paix et abandonner ou rester sur ton dos comme pas permis. Savoir si tu vas pouvoir aller te battre, ou s'il devra faire office d'adversaire.
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Lev M. Lyovitch

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyLun 19 Aoû - 13:36

Lyovitch s'était laissé bousculer avec un regard d'acier, sans réagir, mais il n'avait pas chuté. Il s'était relevé à son tour, pour faire face à Arsène qui l'avait dépassé comme un fauve. Et comme face à un fauve, le russe restait vigilant, prêt à intervenir - après tout, il était armé, ce n'était pas pour rien. Il esquissa un vague mouvement de tête négatif, comme pour lui-même.

- Je ne dis pas que tu es un bon à rien, je dis que tu n'es peut-être pas assez fort.

Il grimaça un petit sourire mauvais, comme si la nuance avait beaucoup d'importance. Justement, elle en avait.

- Qui dit que tu es un bon à rien, Arsène ?

Des feuilles balayées par le vent tournoyèrent autour d'eux, le chuintement de leur frottement au sol presque tout à fait couvert par les rumeurs de la ville. Londres n'était clairement pas le meilleur endroit pour s'affronter, et Lyovitch en avait une conscience aiguë. Mais le gamin, lui, se fichait pas mal de ce genre de considérations et il le savait bien. Mais il comptait le ferrer dans ses mots si ce n'était pas par un affrontement.

- Le même que celui qui dit que sa famille vaut de la merde et que son chien n'est qu'un foutu clébard. Le même qui dit qu'il n'a pas besoin d'un type comme moi. Qui dit qu'il ne mérite pas de vivre.

Lyovitch pointa un index sur Arsène, de sa main dans laquelle se consumait doucement sa cigarette.

- Oui, c'est toi, petit génie.

Il y eut un silence. Arsène était pris de modifications brusques, mais Lyovitch et lui restaient ficelés par le regard. Le professeur faisait abstraction des épines et des griffes qui poussaient sur le corps d'Arsène ici et là : comme face à un fauve, il savait qu'il s'agissait de conserver son calme. D'une certaine manière, comme face à un fauve, il se sentait lui-même tenu par une adrénaline longtemps attendue, rarement obtenue.

- Je pourrai bien dire tout ce que je veux, c'est toi qui dit que tu ne vaux rien, poursuivit-il sur un ton pondéré, patient malgré la dureté de ses propos. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir oeuvré à mettre tes talents à profit, pas faute de t'avoir montré que tu avais de la valeur pour quelqu'un même avec ce genre de talents-là.

Evidemment, il faisait référence aux précédents accomplissements mentionnés. Il secoua de nouveau brièvement la tête. Sans sourire, cette fois-ci.

- Mais tu sais quoi ? Ca n'a pas beaucoup d'importance. Je croyais que tu te battrais pour prouver le contraire, mais non. Tu as beau avoir tué Davis, il y a une chose qui est évidente maintenant : quand il s'agit de te défendre, tu n'es toujours pas là. Tu veux t'attaquer aux faibles, ou t'attaquer à toi-même, comme si...

Les mâchoires de Lev se resserrèrent, comme s'il hésitait un instant à dévoiler la vérité. Mais il ne pouvait faire autrement. Si Arsène, après des semaines de cogitation suite au meurtre de son ennemi, ne pouvait le voir lui-même, il était forcé de lui montrer cette vérité. Qu'il fût prêt à l'entendre ou non.
Il s'humecta les lèvres avant de reprendre.

- Tu n'as pas tué Davis, Arsène. Il parle toujours en toi. Il parle pour toi. Il est en toi.

Le vent s'intensifiait. Il était froid, lui aussi. Une morsure d'hiver indifférente, qui venait ronger les moindres centimètres carré de peau laissés à l'air libre. Mais Lyovitch restait immobile.

- Tu peux te tuer toi-même pour le faire taire pour toujours, bien sûr. Mais alors il aurait gagné. Ou bien tu peux te défendre. Pour une fois.

Lyovitch prit une inspiration lente, puis soupira, comme résigné.

- Ca changerait, grommela-t-il avec une moue méprisante, peut-être un brin provocatrice.

Il avait vu dans le regard de l'américain que le discours ne lui plaisait guère, alors il sourit.

- Tu ne me crois pas ? demanda-t-il comme s'il venait de faire le constat le plus évident du monde. Je viens de te mettre à terre comme un elfe de maison et tu as à peine ronchonné, comme un enfant mécontent. C'est comme ça qu'un véritable homme se comporte ? Il se laisse faire ? Tu m'étonnes que...

Il ne termina pas sa phrase. Après tout, Arsène interprétait toujours mieux les choses que lui.


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Arsène Jones

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyLun 19 Aoû - 14:33

Tu te contentes de le regarder. De le fixer, l'air tendu, sans te soucier le moins du monde de ce que ton corps s'amuse à faire comme changement. Et si t'as toujours été plutôt doué pour encaisser, tu te rends soudainement compte que, jusqu'ici, Lyovitch pesait ses mots. Davis est toujours là, en toi. L'idée seule te donne envie de gerber. Le pire, c'est sûrement que tu te rends compte qu'il a raison. Que tout ce que tu fais, c'est pour coller à ce que Davis pense de toi. Que tu penses exactement la même chose que lui. Parce qu'il l'a bien ancré, au fond de ta caboche. Tu recules d'un pas, comme si ça pouvait t'éloigner de la vérité qui commence à surgir.

Pourtant, il s'arrête pas là. Comme si ça suffisait pas, faut qu'il continue. Non content de te foutre le nez dans ta merde, il te force à respirer à pleins poumons. Tu le regardes toujours, l'air plus hébété qu'énervé cette fois-ci. Un souffle passe tes lèvres, à peine audible.

- Que quoi ? Qu'il en ait profité ?

C'était exactement ce que tu te disais. Chaque jour. Ce que tu te répétais. Que t'étais pas assez fort, et que c'était pour ça qu'il pouvait faire de toi ce qu'il voulait. Tu t'es jamais laissé faire. Pas dans ces moments-là. Mais ça n'a rien changé. T'étais pas assez fort. Et Lyovitch a été le premier à comprendre. Et il t'a dit que c'était pas de ta faute. Est-ce qu'il a changé d'avis ?

Ton coeur bat si fort dans ta poitrine que ça en devient douloureux. T'as l'impression de l'entendre battre dans tes oreilles. Y'a plus rien, à part Lyovitch, toi, et cette putain de vérité qu'il vient de t'asséner.

- Vouliez quoi, hein ? Que j'vous attaque ? J'peux vous foutre une branlée, mais pas quand vous avez votre baguette. J'm'attaque pas aux faibles. Quand j'me bats contre des moldus j'suis au même niveau qu'eux. Pas d'magie, pas d'méta. J'suis pas comme lui.

T'as jamais eu peur de t'en prendre à plus fort que toi. A te lancer tête baissée pour frapper sans réfléchir, alors même que t'as aucune chance de réussir. Mais ça change rien à ce que tu penses. A ce qu'il pense. T'avales ta salive avec difficulté. La vérité c'est que t'as pas attaqué Lyovitch parce que tu savais que t'avais aucune chance avec sa baguette. Mais surtout parce que tu sais très bien que ça changera rien à la finalité des choses.

Les changements se font de plus en plus rapides. De moins en moins contrôlés. Et ton coeur bat toujours aussi vite. C'est comme si t'étais en train de perdre tout le peu de contrôle qu'il te restait. La douleur dans ta poitrine se propage peu à peu au reste de ton corps. Et tu sais qu'elle finira par devenir totalement insupportable.

- M'sieur... M'avez jamais dit. Si vous m'pardonniez.

Impardonnable. Il l'a dit. Mais t'arrivais pas à l'accepter. Toujours pas aujourd'hui. C'est trop dur. Tu peux pas être impardonnable. Et tu peux pas vivre avec Davis en toi. Reste plus qu'à savoir si t'as vraiment de quoi te battre, ou si tu te contenteras de la solution de facilité, loin de Lyovitch, pour être sûr de plus te foirer.
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Lev M. Lyovitch

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyLun 19 Aoû - 15:47

Lyovitch écarta les mains, baissant malgré lui momentanément sa garde en ne gardant plus Arsène à portée de baguette.

- Je ne sais pas, répondit-il, laconique. C'est toi qui le dis.

Si ce n'était pas déjà fait, le professeur prouverait encore et encore son point. Arsène devait en être persuadé : celui qui pensait du mal de lui, c'était lui-même. Celui qui l'affaiblissait, c'était lui-même. Ou bien, une part de lui. Le russe soupira, mais avec prudence : le fauve n'était pas aussi excité par son attitude qu'il l'aurait prédit. Comme si Jones n'avait pas besoin d'être vaincu pour réaliser qu'il ne pouvait pas se contenter de se défouler cette fois-ci. Ils n'auraient peut-être même pas besoin de se battre, alors. Le gamin était peut-être moins idiot que faible, finalement.

- C'est bien le problème, Jones : tu peux me vaincre à mains nues, mais pas avec une baguette. Autrement dit, tu peux vaincre des moldus mais pas forcément des sorciers. Or, Davis en était un. Maintenant, tu ne peux plus te mesurer à lui pour vérifier quoi que ce soit, c'est trop tard. La seule façon de savoir que tu pourrais le vaincre malgré tout, ce serait de savoir te battre face à n'importe quel sorcier.

Il y eut un silence, toujours empli des klaxons lointains et des bourdonnements de la circulation dans les rues voisines. Quelques sorciers venaient de se poser en balai non loin, portant avec eux une masse dans une civière. Ils ignorèrent les deux silhouettes sombres qui se tenaient sur la voie pour se précipiter vers les portes de Sainte-Mangouste.
Et pendant ce temps, les changements de plus en plus rapides sur le corps d'Arsène devenaient inquiétants. Lyovitch avança d'un pas, prudemment, tandis qu'il avait laissé sa baguette retomber le long de son corps. Il parut se souvenir qu'il avait une cigarette, la porta à ses lèvres pour fumer en une dernière longue aspiration. Il prit le temps de recracher la fumée avec lenteur - le vent la dissipa aussitôt, pour ne laisser entre eux qu'un espace vide.
Puis il fronça les sourcils un bref instant.

- Allons.

Sa voix s'était adoucie, rassurante et inquiétante à la fois. Il esquissa un autre pas, flegmatique.

- La seule chose que je ne pourrai pas te pardonner serait de me trahir, Arsène.

Il avait dit cela comme si c'était une évidence. Une évidence qu'Arsène ne ferait jamais une telle chose. Qu'il ne lui viendrait jamais à l'esprit de faire une telle chose - pas après tout ce qui les avait liés.

Maintenant que le professeur était un peu plus près, il voyait mieux les pupilles de l'adolescent Ces deux billes rondes et noires, dilatées au milieu de prunelles dont même la couleur changeait dramatiquement était la seule constante dans laquelle il pouvait s'ancrer. Tout au fond, il y voyait la peur du petit garçon autour de qui tout éclatait indéfiniment en formes incongrues - la métamorphomagie ne faisait que refléter, exprimer l'inconsistance du monde dans lequel il avait vécu et qu'il habillait d'ordinaire d'une rigidité incarnée dans un personnage nonchalant. Comment pouvait-on contrôler un pouvoir comme celui-ci, qui menaçait de tout chambouler encore et encore, de transformer son monde sans plus aucun repère ?
Lyovitch fronça brièvement les sourcils, comme s'il venait de comprendre quelque chose. Mais c'était déjà beaucoup pour un seul jour, et il le savait.

Alors, il désigna le balai toujours au sol, d'un bref regard.

- Ce booster vaut le coup d'être utilisé pour faire quelque chose que tu n'as encore jamais fait. Tu serais prêt à me suivre pour voler là où personne n'ose ? Tes moldus, tu pourras toujours les tabasser plus tard, sans être drogué.

Ces êtres inférieurs, de toute façon, ne disparaissaient jamais : si on en tapait un, dix autres se dressaient à sa place. C'était ennuyeux. Arsène pouvait se frotter à d'autres choses, pour une fois.


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Arsène Jones

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyLun 19 Aoû - 16:33

C'est toi qui le dit. C'est toujours toi qui le dit. Et pourtant, ça vient jamais vraiment de toi. Tu t'es battu longtemps, pour ne pas être ce qu'il disait. Pour le faire mentir. Mais t'as fini par arrêter, parce que la lutte était trop inégale. T'as fini épuisé. Et lui n'a fait que gagner en force. Tout ce que dit Lyovitch est vrai. Terriblement vrai. Et ça te fout les boules de l'entendre. Si tu te bats contre des moldus, c'est juste parce que t'es meilleur avec tes poings qu'avec ta baguette. Et n'importe quel sorcier peut prendre le dessus sur toi pour peu qu'il ait son arme. T'as beau connaître quelques sortilèges d'attaque bien dévastateurs, tes réflexes ne sont pas les mêmes qu'au corps-à-corps. Et la magie, ça s'encaisse moins bien qu'un coup de poing.

Et alors que tu comprends qu'il t'a bien pardonné, la douleur s'estompe peu à peu. Les changements s'apaisent aussi, se faisant moins rapides, avant de te laisser revenir à ton apparence habituelle. Les battements de ton coeur cessent de résonner aussi fort dans ton crâne. Tu dois te concentrer cependant pour que ta peau ne se couvre plus de plumes ou d'écailles. Mais ça prouve que t'as encore un peu de temps devant toi.

- Ouais, j'vous suis. 

Tu peux bien relever un défi. Juste un. Pour voir si t'en es capable. Mais si après tout ça Lyovitch croit encore un peu en toi, tu peux bien essayer d'en faire de même. Tu verras bien où ça te mène.

Tu enfourches de nouveau ton balai. Cette fois-ci, le décollage se fait sans encombre, puisqu'il ne se décide pas à te ramener au sol violemment. Vous vous élevez dans le ciel londonien, et tu voles bien plus calmement qu'à l'aller. Pas parce que t'as moins d'énergie à dépenser, juste parce que t'as plus de choses à penser.

- J'vous trahirai jamais M'sieur. Y'a qu'vous. 

Sous-entendu y'a que lui qui compte. Ou alors que lui qui s'intéresse un minimum à toi. Tu le détestes la majorité du temps, mais c'est ta façon de communiquer. Sans lui, tu saurais pas essayer de continuer. Il se bat plus pour toi que toi-même, tu le vois bien. Alors t'es pas prêt à être aussi ingrat. Encore moins à faire face à la solitude que ça engendrerait.

- On va où ? 
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Lev M. Lyovitch

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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyMar 20 Aoû - 15:31

Le vent n'était pas plus clément lorsque les deux sorciers s'élevèrent au-dessus des bâtiments de la capitale. Londres s'étendaient devant eux, à demi-drapée dans des nuages sombres qui n'osaient pas encore éclater sur les milliers de véhicules et les millions d'âmes qui grouillaient dans les rues. De leur hauteur, la population ressemblait à des fourmis enfermés entre des cubes massifs de béton et de verre tandis qu'eux, telles des libellules libres, les surplombaient, fendant les courants venteux qui se tramaient, traversant les nuages brumeux.  Les odeurs de pollution devenaient moins perceptibles et l'air se rafraîchissait, mais sur Lyovitch ces sensations avaient un effet revigorant qui redonnait une certaine clarté à son esprit.
Il bifurqua vers le sud, avant de plonger en avant.

- On va voir ce qu'il y a au fond du bayou, Jones, ça va t'plaire ! lança-t-il par dessus son épaule. Mais pour aller jusque là, le booster ne sera pas de trop...

Bien sûr qu'il avait entendu ce que Jones avait dit avant cela. Mais, serrant son manche qui vibrait sous une vitesse vertigineuse, tête légèrement baissée en avant pour garder un oeil sur la carte qui se déroulait sous leurs balais, voler lui laisser du temps à lui aussi pour enregistrer ce qu'avait pu dire l'américain.
Il ne trahirait jamais.

A la faveur d'un coup de vent un peu brutal que les précédents, Lyovitch remonta en flèche pour contourner la grande tour d'une gare ancienne, puis il fila entre des bâtiments quelque peu sordides, quasi-identiques les uns par rapport aux autres. Ils avaient quitté les beaux quartiers de Londres, et fuyaient vers une zone au Sud où des usines s'amassaient, récentes et plus anciennes, crachant encore des nuages de fumée blanche. La population aussi changeait au-dessous d'eux : les véhicules étaient moins brillants, les groupes plus resserrés. Moins de façades brillantes visant à attirer les touristes. Davantage de camions.
Lyovitch bifurqua une nouvelle fois - il était à peine à quelques mètres du sol, désormais, mais ils volaient si vite que ceux qui travaillaient aux fenêtres des bâtiments les aperçurent à peine.

Devant eux, une zone en travaux s'étendait, visiblement délaissée depuis plusieurs années. Des bâtiments avaient été rasés et les routes y étaient délabrées sur quelques centaines de mètres. Les odeurs d'une station d'épuration qu'ils approchaient leur piquèrent brièvement les narines. Puis Lyovitch fit un piqué vers le ciel pour reprendre de la hauteur, non sans un bref coup d'oeil en arrière - Arsène suivait avec aisance : il avait un bon balai, et ses capacités étaient plus que développées à cet instant, et pour quelques heures encore.

- Mets-toi dans mon sillage et ne me lâche plus d'un pouce ! annonça-t-il d'une voix forte, et son balai sembla s'arrêter brièvement dans le ciel, comme un plané suspendu, le temps qu'il changeât de direction.

Lyovitch pointa le manche droit vers le sol.

Et accéléra.

En-dessous, un énorme bac rond contenait une eau boueuse qui s'animait en tumultes bruyants. Une lame blanche de métal brassait l'eau dans un mouvement circulaire, mécanique. Lyovitch visait le centre du bac. A l'approche de la surface de l'eau, au moment où tous les instincts des sorciers auraient dû les inciter à dévier leur trajectoire, Lyovitch sortit sa baguette.

- Maxima bulla spirare ! cria-t-il.

Juste avant qu'ils ne touchassent la surface de l'eau, une bulle se forma autour de lui, assez large pour s'étendre, étirée par la vitesse, sur Arsène s'il suivrait correctement. La bulle s'enfonça avec brutalité dans l'eau sombre, si bien que pour les quelques secondes suivants, ils ne virent plus rien du tout. L'obscurité grondait autour d'eux, les tumultes de l'eau bousculant la bulle, quelques éclaboussures échappant parfois au sortilège. Lyovitch ne ralentissait pas, au contraire : il semblait insister sur une vitesse excessive, fit deux fois une embardée brutale pour éviter de s'écraser contre une paroi de métal à peine devinée - comme s'il connaissait le chemin non en le voyant, mais par la simple mémoire.
Et puis, tout aussi subitement qu'ils étaient rentrés dans l'eau, ils en sortirent.

Ils déboulèrent par un énorme tuyau de métal qui déversait lui-aussi de l'eau dans une immense salle où se rejoignaient d'autres de ces conduites, formant des cascades vertigineuses. Ils tombèrent en piqué, virevoltèrent entre les gouttes. Le sortilège de Corenbulle avait déjà disparu, mais Lyovitch releva brièvement sa baguette pour l'agiter à proximité d'une porte tapissée de

- Incendio !

A peine chuchoté, le sortilège jaillit de la baguette et un feu ardent se dressa. Il éclaira une poignée d'acromentules agglutinées devant une petite bouche de sortie, qui étaient restées tapies dans l'ombre jusque-là, et elles se dispersèrent devant eux en faisant cliqueter rageusement leurs mandibules. Profitant de ce que le feu les avait effrayées, Lyovitch plongea dans le conduit.
Bifurcation à droite, puis à gauche. De nouveau à gauche après avoir laissé passer trois autres entrées de chaque côté.
Ils débouchèrent dans un passage beaucoup plus large, rejoint par des conduites à demi-vertes par les moisissures qui s'y étaient déposées avec le temps. Enfin, de la lumière apparaissait pour leur éclaire le chemin : des boules lumineuses remplaçaient parfois les lampes jaunâtres qui avaient renoncé à éclairer cet endroit distant du monde humain.
Lyovitch emprunta l'une des grandes allées de briques, sans hésiter. De nombreuses galeries se croisaient, et parfois un sorcier en balai sortait de l'une des ces bouches béantes et sombres, sans leur jeter le moindre regard.

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Lyovitch avait ralenti quelque peu, afin de laisser Arsène le rattraper après ce petit périple.

-  L'endroit n'est évidemment pas entretenu, annonça-t-il. Cela sert à empêcher les autorités de trop s'y aventurer. Mais certains fous y vivent et se plaisent bien à détrousser les petits nouveaux qui s'y aventurent. Sans compter les créatures magiques interdites importées qui s'y enfuient parfois. Autant dire que tu as intérêt à ne pas t'y perdre, vu ?

De toute façon, Arsène ne pourrait pas facilement revenir seul. Il fallait véritablement connaître le chemin. Mais il était tout aussi important qu'il ne perdît pas le gamin ici, maintenant.
La grande canalisation déboucha sur une autre. Bientôt, plusieurs sorciers volèrent derrière et devant eux, comme s'il s'agissait d'une route ordinaire pour se promener en balai, sauf que certains avaient préféré se masquer pour fréquenter les lieux.

Puis ils débouchèrent dans une galerie immense, qui ressemblait à un hall de gare dans ses dimensions monumentales. La rumeur des conversations de toute une foule qui se retrouvait là emplirent leurs oreilles. Etrangement, il y régnait une atmosphère plutôt joviale - des rires éclataient ici et là, un sorcier atterrissait en étant acclamé par un groupe. Les odeurs d'égouts s'y étaient presque tout à fait dissipées, pour être remplacées par d'autres, étranges : épices exotiques, bois ancien, fleurs entêtantes paraissaient se cacher dans les recoins de cette galerie marchande peu ordinaire.

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- Tu croyais connaître Londres, Arsène ?! lança Lyovitch en ricanant, sans cesser de voler.

Comme d'autres, ils survolèrent la foule. Le professeur désigna une arche sous laquelle se pressaient des hommes vêtus de vêtements de travail. Ils semblaient ensorceler des petites boules vertes une à une en les déposant sur de minuscules tables de bois. D'autres hommes récupéraient les petites boules pour les enfouir dans de grands sacs de toile, sous la supervision de plusieurs autres sorciers qui avaient leur baguette au clair, prêt à intervenir à toute anicroche. Lyovitch resserra la distance qui le séparait d'Arsène pour parler à voix basse.

- C'est là qu'est fabriqué ton slick et toutes les drogues magiques que tu peux trouver en Angleterre. Ici sont apportées des matières premières interdites, transformées et revendues. C'est l'un des filons, évidemment.

Bien sûr, qui disait drogue disait contrôle absolu. Arsène aurait pu être tenté de voler quelque chose, mais les sorciers qui contrôlaient l'endroit n'avait pas du tout l'air de plaisanter avec la marchandise. Chaque travailleur était scruté et de petites sphères métalliques voletaient autour de ce petit monde avec un oeil énorme et globuleux sur plusieurs faces : c'étaient des Ombre-Œils, à qui rien n'échappait et qui vendraient toute trahison à ceux qui veillaient à la sécurité de la fabrication.
Lyovitch dépassa l'endroit en accélérant un peu, peu perturbé par ce qui se déroulait sous eux.

- On ne fait pas que des infusions avec la filière des cactus, au cas où tu te demandais, maugréa-t-il, puis il reprit : mais ce n'est pas ça qui est intéressant ici.

Ils survolèrent d'autres ateliers comme ceux qu'ils avaient vus. Il y avait aussi des étalages, mais surtout beaucoup de gens qui venaient se rencontrer. Des prix fusaient, des annonces - untel était à la recherche de Gants de Mains Glaciales, et il était prêt à payer 2000 gallions la paire.
Mais Lyovitch continua de les survoler. Ils bifurquèrent dans une autre branche du hall. L'ambiance y était un peu différente : des groupes s'amassaient à des stands, mais ils étaient beaucoup plus jeunes pour la plupart. Certains faisaient briller des lettres ou des chiffres au-dessus d'eux pour annoncer le prix de leur recrutement, ou bien pour signaler qu'ils cherchaient du travail.
Lyovitch les scruta un instant, comme pour vérifier qu'il n'y avait personne d'intéressant, mais il les dépassa bientôt eux aussi. Il fit une briève boucle pour aller voir si quelqu'un était là son étal, mais la boutique était fermée. Il revint auprès de Jones.

- Tu vois cet endroit ? C'est là que viennent se tasser des centaines de gamins qui espèrent devenir chasseur. Tu vois, c'est difficile de chasser vraiment seul, parce que la concurrence est trop rude. La plupart cherche une équipe qui financera leurs chasses... Mais les clans qui emploient, évidemment, ne prennent que les meilleurs. Alors, tous ces gamins essaient de se démarquer, de se faire un nom en prouvant ceci ou cela.

Il haussa les épaules, comme si c'était en vain.

- La plupart du temps, ils se tuent dans l'affaire, parce qu'ils n'ont pas été formés ni accompagnés correctement.

C'était d'ailleurs bien pour cela que les Sang-Purs excellaient dans cette branche : parce qu'il fallait des ressources et qu'on s'y transmettait des avantages que d'autres clans peinaient à construire.
Lyovitch ralentit un peu l'allure. Il avait rangé sa baguette. Il désigna une grande alcôve où s'étaient amassés beaucoup de jeunes mais aussi des sorciers plus âgés qui scrutaient quelque chose au centre...
Lyovitch s'éleva un peu dans les airs pour obtenir une meilleure vue du spectacle, depuis l'entrée de l'alcôve. D'autres faisaient comme eux, stationnant sur leurs balais à quelques mètres du sol.

Sous l'arche, on apercevait une fosse semblable à unpetit amphithéâtre dont les gradins étaient bondés de spectateurs bruyants. Au centre, une créature monstrueuse, de la forme d'un ours aux griffes étonnamment longues grondait. Mais la créature était aussi vaporeuse qu'un patronus. Cependant, la couleur en était d'un rouge carmin. En face de lui, un sorcier se tenait en garde avec sa baguette et lançait des sortilèges. Les sortilèges en question semblèrent blesser l'animal magique, avant que ce dernier ne leva une grande patte. Le sorcier fit apparaître un bouclier mais l'ours fracassa la barrière magique et ses griffes s'écrasèrent sur la capuche du sorcier. Ce dernier tomba à terre avec un cri - aussitôt recouvert par les cris de la foule.
L'ours se dissipa et le sorcier dégoulinant de sang se traîna en dehors de l'arêne. Dans la foule, des mornilles et des gallions changeaient de main. Déjà un autre sorcier descendait dans l'arène pour prendre sa place.

- C'est un autre genre de combats magiques, expliqua Lev. Le Colisée des Abominations a été créé il y a deux cent ans par Morticus Abelia, un type connu parce qu'il a révélé de grands chasseurs. L'idée est que ceux qui veulent devenir chasseur y descendent pour prouver comment ils savent se battre. Le Colisée produit sans cesse des créatures différentes. Chaque fois qu'une créature est battue, il en crée une autre qui attaque aussitôt le sorcier. Le but est d'y rester le plus longtemps.

Le record était détenu par un japonais qui s'était battu pendant 4 jours sans discontinuer, mais il y avait hélas perdu la vie. Un phacochère à 7 défenses l'avait embroché sans qu'on eût pu récupérer le pauvre sorcier de l'arène à temps pour le sauver. Mais Lyovitch évita l'anecdote.

- Aujourd'hui, c'est un endroit de pari, mais on vient aussi y tester ses capacités, se mesurer à de vraies créatures dangereuses. Les jeunes espèrent y être repérés, évidemment, par un clan.

Effectivement, de nombreux jeunes sorciers avaient les yeux rivés, anxieux et envieux, sur le fond de l'arêne, hypnotisés par ce lancinant doute : seraient-ils à la hauteur, lorsque ce serait leur tour ?


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MessageSujet: Re: Sick Boi   Sick Boi EmptyMer 21 Aoû - 16:34

Le voyage en balai a le mérite de te laisser réfléchir à tout ce que Lyovitch t'a dit. Et t'as beau tourner et retourner ses mots dans ta tête, vouloir les repousser de toutes tes forces, tu sais qu'il a raison. Et c'est bien pour ça que t'arrives pas à t'en débarrasser. A penser à autre chose. A juste lui exploser la gueule parce qu'il dit trop de conneries juste pour te faire réagir. C'est juste la vérité. Et si t'es pas foutu d'accepter la vérité, c'est à toi de faire en sorte qu'elle change. Ne plus être un bon à rien. Devenir quelqu'un. Et même si ça t'emmerde de l'admettre, Lyovitch est ta meilleure chance pour ça.

Pris dans tes pensées, tu ne prêtes attention qu'au balai devant toi, pour t'assurer de le suivre parfaitement. Y'a rien de bien compliqué. Même l'entrée du lieu ne te défrise pas plus que ça. Jusqu'à ce que tu découvres ce que Lyovitch voulait te montrer. Au-delà d'une vie souterraine totalement insoupçonnée, c'est bien toutes les drogues qui t'intéressent. C'est si tentant de faire immédiatement le plein de boosters, directement à la source. Mais t'as pas une tune. Et tu doutes fort que Lyovitch soit chaud pour t'en filer après son petit discours sur le salaire. Et t'es pas encore assez con pour tenter de voler quoi que ce soit dans un bourbier pareil.

Et en voyant tous les gars à peine plus âgés que toi qui veulent devenir chasseurs, tu te rends compte que Lyovitch a vraiment fait un choix chelou en se disant qu'il allait te former toi. T'es à peu près certain que n'importe lequel de ces types feraient mieux le taff que toi. Tu jettes un coup d'oeil en coin à Lyovitch pendant qu'il t'explique qu'ils vont sans doute crever rapidement. Tu baisses légèrement la tête. Toi, t'as la chance qu'ils ont pas. T'as déjà quelqu'un prêt à t'apprendre. Quelqu'un qui s'y connait pour de bon. La vie n'a vraiment rien de juste. T'as rien fait pour mériter ça plus qu'eux.

Alors tu dis rien. Tu te contentes d'observer. Chaque minute qui passe, tu sens un peu plus le booster à travers tes veines. Pas ses effets sur ta métamorphomagie, non, plutôt la brûlure lancinante qu'il y laisse. La douleur est à présent bien installée, bien qu'elle soit plus que supportable. Elle reste suffisamment forte pour que tu ne puisses pas l'ignorer, bien que tu ne laisses rien paraître. L'arène te tire une drôle de grimace cependant.

- Et voulez qu'j'aille là-d'dans ?

Tu te fends d'un sourire moqueur.

- Dites-moi direct dans quels chiottes j'dois vous récupérer à la fin d'mon combat, on gagn'ra du temps.

Finalement, tu retrouves ton sérieux en haussant les épaules.

- Si des gars entraînés gagnent pas j'vois pas comment moi j'pourrais. J'vous ai dit, j'suis moins bon avec ma baguette qu'avec mes poings. J'peux lancer des sorts puissants, c'pas l'souci, savez bien. C'juste... les duels magiques et tout... J'suis pas habitué.

C'est pas les mêmes réflexes. Pas les mêmes automatismes. Si t'as confiance en ta façon de te battre à mains nues, c'est loin d'être le cas en ce qui concerne les combats magiques. Ta stratégie d'encaisser jusqu'à trouver le point faible de ton adversaire, ça fonctionne vachement moins bien quand on peut t'ouvrir en deux d'un seul sortilège.

- 'Fin j'peux essayer. J'm'en fous. Juste c'coup-ci, pariez pas sur moi.

T'aurais vraiment préféré un combat sans magie. Juste pour te défouler pour de bon. Mais t'as bien compris que tes envies entraient pas vraiment en ligne de compte ici. Tu hausses à nouveau les épaules.

- Va m'falloir un autre booster savez. C'ui-là va pas faire effet assez longtemps.
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